Bismillâhir-Rahmânir-Rahîm
Allâhoumma çolli alâ Mouhammadine wa âli Mouhammadine wa ajjil farajahoum.
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Rendons grâce à Allah d’être parmi ceux qui ont compris que ce jour, dix-huitième du mois de Zoul-Hijja (douzième mois dans le calendrier hégirien) est un jour de fête grandiose qui recèle d’immenses bénédictions de par la volonté d’Allâhou Soubhânahou wa ta’âla. En effet, les historiens et les exégètes qualifiés, qu’ils soient musulmans ou non, sont unanimes à dire que le sublime verset du saint Coran marquant la complétude de la Religion musulmane a été révélé dans l’oasis (khoum) du lieu nommé Ghadir à l’occasion du retour vers Médine du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) à l’occasion de son dernier pèlerinage.
Le voici, ce sublime verset dont le sens est si évident que l’esprit le plus obtus le comprend facilement : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous Mon bienfait. Et il M’agrée que la Soumission (Islam) soit votre religion… » (Sourate 5, verset 3). De toute évidence, c’est le verset par lequel Allah a clos la Révélation en ce jour de Ghadir (« Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion et… »).
Epluchant les travaux des historiens passés, les chercheurs contemporains, avec la rigueur scientifique qui les caractérise, sont aussi unanimes à dire que 90.000 à 120.000 pèlerins, rassemblés autour du saint Prophète à sa demande, ont été les témoins oculaires de l’évènement de Ghadir. Les mêmes historiens et chercheurs ajoutent que l’agrément divin dont il est question dans le verset ci-haut cité découle de l’exécution du décret d’Allah émis dans le verset coranique qui suit, verset comportant quatre messages en un dont chaque partie vaut son pesant d’or : « Ô Prophète, transmets ce qui t’est révélé de la part de ton Seigneur ; ne le ferais-tu pas, tu n’aurais pas communiqué Son message. Et Dieu te met hors d’atteinte des gens. Dieu ne guide pas les mécréants. » (Sourate 5, verset 67). La conséquence logique est facile à établir : c’est lorsque le Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) a communiqué l’ordre divin que Dieu a donc mis Son cachet, ultime signature sur la Révélation achevée enfin, comme agrément définitif sur cette religion que le Seigneur des mondes a Lui-même nommé Islam et, ce, jusqu’à la fin des temps.
Quel ne fût donc mon désappointement de lire ça et là des malhonnêtetés intellectuelles de je ne sais quelle imposture dans la foi prenant un autre verset comme étant le dernier révélé ! En effet, quel verset autre peut être le dernier révélé dans le saint Coran que celui par lequel Allah complète la Religion et donne Son agrément définitif pour l’Islam ?
Mais voyons, à présent, le verset 67 de la sourate 5. Il contient un ordre formel intimé au noble Messager (mode impératif) : « …transmets ce qui t’est révélé de la part de ton Seigneur » ; et il contient ce qui a tout l’air d’une menace, en tout cas tout au moins un sévère avertissement, sinon une mise en garde à ne point négliger la communication de l’ordre divin, sous aucun prétexte, entre autres, de peur de la réaction de la masse : « …ne le ferais-tu pas, tu n’aurais pas communiqué Son Message », soit entendu le Message divin dans son entièreté. Mais alors, pourquoi Allah, d’ordinaire si ‘’respectueux’’ à l’égard de Son Sceaux des Messagers, si doux et si compatissant avec lui, devient-il soudainement menaçant en lui parlant en cet instant si solennel ?
Quel est donc cet ordre à communiquer ? Quel rapport avait-il donc, cet ordre, avec le reste du message divin patiemment révélé pendant 23 ans et dont la non communication en cette journée de Ghadir provoquerait la négation de tout ce qui avait été précédemment transmis au Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions sur lui et les membres de sa famille !) par l’intermédiaire de l’Archange Gabriel (Jibra’îl), le Messager de la fidélité ? (« …ne le ferais-tu pas, tu n’aurais pas communiqué Son Message »). Le Message est si important qu’Allah incite même Son ultime Messager (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) à transcender toutes les inquiétudes et les peurs qui l’assaillent pour communiquer courageusement Son ordre. Pour cela, Il lui donne l’assurance, voire la garantie d’être avec lui, comme Il a été avec lui dans la grotte lors de son émigration forcée vers Médine : « Et Dieu te met hors d’atteinte des gens… ». L’on comprend ici qu’Allah dit- et Allah tient toujours Ses engagements, respecte toujours Sa parole, réalise toujours Sa promesse- à Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) de ne pas avoir peur des gens pour communiquer Son Message, le Message à « Lui, le Seigneur suprême, Créateur de la terre et des cieux, le Roi exclusif… ». Pour bien comprendre cette exhortation de Dieu à ne pas avoir peur des gens, il faut remonter à l’épisode de l’étape de la grotte lors de l’émigration vers Médine. Allah connaît bien les contemporains du noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) !
Mes chers et frères et sœurs dans l’Islam,
Les contemporains, si vous voulez les compagnons (‘’Sahabas’’) du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de la famille !) ont-ils vraiment été toujours des modèles de sincérité et de droiture, de piété et de respect à son égard ? Nombreux sont les versets du saint Coran qui relèvent leurs inconduites multiples, vous les retrouverez facilement. Le temps presse, revenons à notre verset.
Il prend fin par cette annonce terrible : «…Dieu ne guide pas les mécréants. » Allah connaît parfaitement les contemporains du noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !), disions-nous. Vérité d’airain si on se réfère un tant soit peu à l’histoire des faits et gestes sociaux de son époque. En effet, bien qu’il ait mené parmi eux une vie à tous points de vue irréprochable jusqu’à l’âge de 40 ans, avant l’avènement de l’Islam, une vie si exemplaire qu’ils le nommèrent, eux-mêmes, « Al amin » (le fidèle, le juste, l’irréprochable), les contemporains mecquois (et arabes) n’ont pas reconnu Mouhammad Ibn Abdallah à sa juste valeur de Prophète d’Allah, Messager infaillible constituant l’Exemple parfait à imiter, qui ne parle ni n’agit que selon les seules directives divines. Pour eux, « Mouhammad Ibn Abdallah est bien, mais c’est un homme qui peut se tromper, enclin à l’erreur », etc. Une telle opinion diabolique a encore cours de nos jours, faisant dire à certains musulmans que le Prophète est « simplement un homme comme nous, à part la transmission de la Révélation, il peut commettre des erreurs regrettables… ». Pour répondre à de tels esprits tordus, il faut certainement leur poser la question suivante : « Allah et Ses anges font-ils continuellement les salawâtes sur vous et vos pères et mères… ? »
Bref, il faut méditer sur le sens profond du verset, méditer et encore méditer, et en tirer avec foi et honnêteté toutes les conséquences. Allah ne nous-a-t-il pas dotés de la chose la plus utile : l’intelligence, la raison ?
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
On sait, par les sources les plus fiables, qu’après l’évènement de Ghadir Khoum, le noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions sur lui et les membres de sa famille !) n’a vécu que quelques trois mois. Il est surtout important de noter que, de ce jour du 18 Zoul-Hijja où Allah agréa définitivement l’Islam comme « notre Religion » suite à la communication de ce qui Lui tenait tant à cœur (si l’on peut s’exprimer ainsi) jusqu’au jour du décès du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !), il n’y a eu aucune nouvelle révélation. La raison est simple à comprendre : tous les piliers de l’Islam avaient déjà été révélés, excepté le verset 67 de la sourate 5 dont la communication entraîna en dernier ressort celle du verset 3 de la sourate 5), c’est-à-dire le verset de la complétude de la « Dine », la Religion par excellence, l’Islam.
C’est comme si on disait que le bâtiment était quasi fini, il ne restait qu’une brique à placer, mais si jamais celle-ci n’était pas mise à sa place, tout l’édifice s’écroulerait, entraînant dans affaissement l’ensemble de l’architecture de la Maison. Preuve évidente que le verset 3 de la sourate 5 (« Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous Mon bienfait. Et il M’agrée que la Soumission (Islam) soit votre religion… ») est bien le dernier verset révélé.
Après donc la révélation de tous les piliers (la profession de foi, la prière, le jeûne du Ramadan, la zakat, le pèlerinage, la mention des Ahloul Bayt (que certains s’entêtent encore à ignorer, voire à nier), la dernière colonne de l’architecture religieuse qui devait en constituer la clé de voûte était sans doute ce « Message à communiquer, advienne que pourra ». Un ami juriste, que je taquinais toujours en le qualifiant de « wahhabite le plus borné de la terre » et dont j’avais attiré l’attention sur la question, m’a dit qu’en analysant et le verset et le contexte de sa révélation, en s’attardant sur l’ordre qu’il contient, il lui a été facile d’admettre que la désignation à Ghadir Khoum de l’Imam Ali comme successeur du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) constitue bien le dernier décret de Dieu dans la Révélation de Son Message éternel à l’adresse de la communauté des croyants, qu’ils soient des humains ou des djinns. « Décret définitif qui ne peut souffrir d’aucun réaménagement ni d’aucune contestation », ajouta-t-il. Telle est ma conviction aussi.
Répétons-nous sans aucune intention de redondance. Le verset, disions-nous, renferme une assurance à l’attention du noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) dont les contemporains n’ont toujours pas été des modèles de sincérité. « Et Dieu te met hors d’atteinte des gens… » En langage humain, c’est tout comme si Dieu disait à Son Messager chéri : « N’aies peur de personne, c’est Moi, Allah, l’Omnipotent, qui te protège contre tous les malveillants ; sois sûr que les gens ne pourront rien contre toi, transmets seulement Mon ordre, Ma décision dernière qui parachève la Religion que J’ai choisie pour vous… Laisse-les à Moi, Je me charge du reste… Te souviens-tu, quand ils t’ont chassé de ta patrie, la Mecque, et qu’ils t’ont poursuivi avec de criminelles intentions. Pendant que tu étais dans la grotte, la toile d’araignée a suffi à mettre en échec leur détermination à te nuire… ».
Ce n’est pas tout et nous devons encore nous répéter, car il le faut. Notre verset finit par le rappel de ce que Dieu n’aime pas du tout, par ce qu’Il ne peut nullement tolérer, à savoir la rébellion contre Son ordre, voire la mécréance) et l’énoncé de Sa vérité inoxydable : « Dieu ne guide pas les mécréants. » Même avec nos petites têtes obtuses, nous gagnerons à comprendre que ne pas accepter la nomination par le noble Prophète de l’Imam comme son calife équivaut à basculer dans la rébellion, à un poil de la mécréance (« Dieu ne guide pas les mécréants »). Oh, Allah a dit et il faut le retenir : « Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante de suivre son propre choix quand Allah et Son Messager en ont décidé autrement. Quiconque se permet de désobéir à Allah et à Son Messager s’égare de façon manifeste. » Le Seigneur des mondes, notre Créateur Omniscient, a aussi dit : « …Que ceux qui s’opposent à Son ordre prennent garde que ne les atteigne une tentation (fitna) ou que ne les atteigne un tourment cruel. » (Sourate 24, verset 63). Et voici notre prière : « Ô Allah ! Garde-nous de contrevenir aux ordres de notre Prophète et de Te désobéir ainsi ! » Or, la désignation de l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib comme khalife est bien un de ces ordres. Le bon sens nous oblige à admettre que la halte observée dans l’oasis de Ghadir le 18 Zoul-Hijja et le discours prophétique qui y fut tenu n’avaient pas d’autre motivation. Inutile donc de gloser durant des siècles sur le sens du mot « Mawla » pour se ménager une pirouette. Nul ne peut tromper Allah, Il connaît parfaitement le contenu des poitrines.
Revenons à notre question. Mais quel est donc ce dernier Message qu’il fallait absolument communiquer ? Cette dernière pierre qui manquait à l’édifice du salut éternel ? Là-dessus, les avis sont contrastés. Du moins dans l’Islam sunnite où, malgré son abondante littérature, on trouve très peu la mention du mot Ghadir. Par contre, chez les chiites, c’est-à-dire ceux qui ont suivi les Imams de la sanctifiée famille du Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les siens !), il n’y a aucun doute que le jour de Ghadir est celui où le noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) a désigné l’Imam Ali comme son successeur à la tête de la Oummah (communauté musulmane).
Evidemment, notre but n’est pas ici de rentrer dans les divergences doctrinales. Mais, si tout le monde est unanime à dire que le verset du parachèvement de notre Religion a été révélé à l’issue du dernier pèlerinage de notre noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !), pourquoi cet évènement grandiose n’est pas retenu par tous comme tel ? Ou, pourquoi ceux-ci ne le célèbrent-ils pas du tout et pourquoi ceux-là en font-ils un jour de grande fête ? Oui ou non l’évènement de Ghadir a-t-il eu lieu ?
Sans doute, l’évènement de Ghadir est un fait indéniable dans l’histoire musulmane. De nombreux historiens et rapporteurs de récits de l’époque l’ont mentionné avec force détails. Même dans la mémoire collective dans le camp sunnite où l’on aurait sans doute aimé qu’on n’en parle pas, d’importants détails attestent que l’oasis de Ghadir a été le lieu où le noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) a prononcé son dernier sermon connu sous le nom de « Sermon d’adieu ». C’est pourquoi même, dans des tentatives désespérées de semer toujours la confusion, une infime minorité de sunnites a eu à essayer, contre le bon sens et la chronologie historique, de situer l’évènement dans la journée du 9 Zoul-Hijja, dans la vallée Uranah du mont Arafat. Tentatives des plus malheureuses qui révèlent une révoltante méprise car le 9 Zoul-Hijja est le jour du rituel d’Arafat, ce n’est pas un jour de retour des pèlerins vers leurs contrées après l’accomplissement du Hajj ! Pourquoi donc a-t-on cherché à ainsi noyer le poisson en essayant de transporter le « Sermon d’adieu » dans la vallée d’Uranah ? Allez savoir…
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Jeunes étudiants, jeunesse musulmane,
Beaucoup de vérités méritent encore à être découvertes ou, pour parler franchement, beaucoup de contrevérités méritent qu’on les rejette enfin. Mais à chacun selon sa quête, à chacun selon ses aptitudes, à chacun selon le degré de sa foi et la sincérité de son engagement dans l’Islam. Toutefois, convenons qu’Allah nous a donné la chose la plus précieuse pour distinguer le vrai du faux, le bien du mal ; l’intelligence qui a ses manifestations multiples (le bon sens, la raison, la lucidité…).
Mes chers frères et sœurs,
Je dois vous dire qu’en abordant ce sujet, j’ai préféré aller sur les sites sunnites puisque c’est dans cette école que les récits relatifs à l’évènement de Ghadir sont à ce point contradictoires qu’on a l’impression que, à défaut de l’ignorer totalement, l’on a choisi de l’envelopper dans des faisceaux de suspicions inextricables. Tromperies vaines. En effet, un récit fait autorité, le « Sermon d’adieu » que j’ai pu lire et relire. Il commence par la proclamation suivante : « Ô peuple ! Ecoutez-moi attentivement, car je ne sais pas si, après cette année-ci, je serai encore parmi vous. Donc, écoutez ce que je vous dis avec beaucoup d’attention et apportez ce message à ceux qui ne peuvent être présents ici aujourd’hui ». Vers la fin de son sermon, le noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) énonce une vérité qui sonne comme un testament : « Ô peuple ! Aucun Prophète ou Apôtre ne viendra après moi et aucune nouvelle foi ne naîtra. Raisonnez bien, donc, ô peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux choses, le Coran et mon exemple, la Sounnah, et si vous les suivez, vous ne vous égarerez jamais ». Ainsi, selon cette version, ‘’le Coran et mon exemple ‘Sounnah)’’ sont les deux référents mis dans la balance par le noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !). En admettant l’énoncé comme tel, le champ de la réflexion s’ouvre devant nous, largement.
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
En effet, l’énonciation de cette ‘’vérité’’ est immédiatement suivie par un ordre solennel : « Que tous ceux qui m’écoutent transmettent ce message à d’autres et ceux-là à d’autres encore ; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent directement. Sois Témoin, ô Allah, que j’ai transmis Ton message à Ton peuple ». Il y a là, pour le moins, une invitation à transmettre fidèlement le message délivré par le noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !)
Ces dernières paroles du noble Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !), admises dans leur intégralité par les frères sunnites, retiennent particulièrement l’attention. Le Messager infaillible nous a donc laissé deux choses précieuses qui nous préservent de l’égarement ? Qui sont-elles ? Là est tout le problème.
Pourquoi donc ce n’est pas cet énoncé qui a été retenu par les compilateurs de hadiths respectés dans le camp sunnite ? Pourquoi cette version dans la copie du « Sermon d’adieu » véhiculée par les sunnites n’est pas celle que les compilateurs de hadiths sunnites ont retenue dans leurs ‘’Sahihou’’ ? En effet, on sait que, depuis des siècles déjà, les sunnites ont authentifié six principaux ouvrages dont les contenus s’imposent à eux. Or, aussi curieux que cela puisse paraître, cinq des six ‘’Sahihou’’ sunnites mentionnent plutôt l’autre version, chiite celle-là, du fameux hadith. L’affirmation prophétique selon laquelle il nous laisse deux choses qui nous préservent de l’égarement a une version courante dans toutes les sources que j’ai pu consulter. C’est celle-ci : «Je laisse parmi vous les deux trésors (ath-thaqalayn) : le Livre de Dieu et ma parenté (itratî), les gens de ma demeure (Ahloul Bayt) ; ils ne se sépareront pas jusqu’à ce qu’ils viennent à moi au Kawthar (le Bassin paradisiaque) ». C’est cette version qui se trouve, à l’exception notoire du seul Boukhari, chez les cinq autres auteurs sunnites des ‘’Sahihou’’. Elle pose donc problème aux sunnites car leurs propres ‘’Sahihou’’ mentionnent bien le hadith respecté à la lettre par les chiites. Voilà pourquoi le chercheur indépendant, l’intellectuel français Christian BONAUD, fait remarquer : « …Par contre, nul ne s’interrogeà propos du hadith, fameux parmi les sunnites, selon lequel les deux choses laissées par le Prophète seraient le Livre de Dieu et ma pratique (sunnatî), alors que ce hadith n’est attesté dans aucune des six sources sunnites fondamentales (al-kutub-as-sitta) et qu’il n’apparaît que dans la Muwatta’a de Mâlik et dans la Sîra de Ibn HISHAM- sources anciennes, certes, mais où il apparaît à chaque fois sans la moindre chaîne de transmission (isnâd), ce qui ne devrait en aucun cas lui permettre de faire contre poids à un hadith transmis par des chaînes détaillées, multiples et authentiques d’après plus de 20 compagnons, cela en ne prenant en compte que les transmissions sunnites. On se retrouve donc devant la situation paradoxale suivante : les populations sunnites ignorent totalement le hadith qui mentionne la famille du prophète comme étant l’un des deux trésors, alors même qu’il est considéré comme authentique et ‘’mutawâtir’’ par leurs grands savants, et ils lui opposent, lorsqu’on le leur cite, le hadith du livre et de la sounna, qu’ils considèrent comme des plus solidement établis, alors qu’il n’a pas de réel fondement dans les livres sunnites eux-mêmes ».
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Vous conviendrez avec moi que Christian BONAUD pose ici à la conscience religieuse et intellectuelle de chaque musulman la question de l’honnêteté dans la foi, qui n’est réelle et sincère que par l’acceptation absolue des ordres divins transmis par Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille).
Alors, question : pourquoi les populations sunnites ignorent-elles totalement le hadith mentionnant la famille du Prophète (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille) comme étant le deuxième élément des deux Trésors que le vénérable Messager laisse à sa communauté pour la préserver de l’égarement après lui ?
Nous en arrivons maintenant aux « Gens purifiés de la Demeure prophétique » que le saint Coran mentionne. Jusqu’à nos jours, les prédicateurs sunnites font des heures et des heures de prêches sans jamais mentionner les Imams Ahloul Bayt, faisant totalement l’impasse sur eux, comme s’ils n’ont jamais existé pour délivrer de précieux enseignements. Est-il concevable qu’ils ignorent vraiment ces grands savants d’une érudition exceptionnelle, hautes et saintes figures issues de la famille prophétique ?
Il est évident que les Imams Ahloul Bayt ont réellement existé et qu’ils ont tous souffert le martyre, nul ne peut l’ignorer. Des savants sunnites ont même tenté souvent de les défier en savoir, sans aucun succès ; l’histoire fourmille d’anecdotes en la matière. Des califes de l’époque, abbassides et omeyyades, leur ont fait subir des persécutions les plus privatives et les plus inhumaines. L’histoire les a consignées. Alors, pourquoi donc les prédicateurs sunnites qui ont pignon sur rue, parmi eux certains très éloquents, ne parlent jamais de ces savants distingués issus de la famille prophétique et dont les paroles et les invocations attestent leur sainteté et leurs relations particulières avec Allah ?
Mes chers et frères dans l’Islam,
J’aime souvent à rappeler que chez nous ici, en Afrique, loin des terres d’Arabie et de l’Orient, nous avons eu le bonheur d’avoir un grand savant dans l’Islam, un grand érudit de la Tarîqa Tijaniya, le Cheikh Amadou Hampâté Ba, que le monde entier aussi a connu à travers son abondante production littéraire et son passage à l’U.N.E.S.C.O. en tant que haut fonctionnaire. Mentionnant rapidement les Ahloul Bayt au bas d’un de ses chefs-d’œuvre, le Cheikh Amadou Hampâté Ba les qualifie ainsi : « …hautes et nobles figures de l’islam particulièrement vénérées par les chiites ».
La question que je pose maintenant est la suivante : à quoi sert de faire l’impasse sur les Imams Ahloul Bayt issus de la famille prophétique ? Quel bénéfice recherchent ceux-là qui s’efforcent tant à ne jamais les mentionner, à ignorer leurs enseignements précieux et leurs directives coulées dans de l’or ? Je réponds : c’est de la tromperie, de la négation d’un fait divin, du refus d’admettre un ordre divin. Ne pas reconnaître ces Imams Ahloul Bayt que la miséricorde divine nous a envoyés comme légitimes successeurs du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !), comme Guides divinement établis par le Seigneur Très-Haut, est incontestablement une tricherie et une imposture dans la foi, un acte de perdition donc. Ceux-là qui, sans frémir, se rendent régulièrement coupables de cette faute énorme, ne peuvent évidemment pas admettre la désignation de l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib comme le successeur légitime du Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !). Et cette attitude négationniste regrettable les force à déprécier la valeur et le rang spécial de Ali Ibn Abi Tôlib, à faire de son glorieux père quelqu’un refusa de prononcer la profession de foi, etc. Certains ont même insinué qu’il n’a fait l’émigration à Médine que pour les beaux yeux de Fâtimatou-Zahra !!!
Malgré toutes leurs manœuvres savamment ourdies pour « noircir » la personnalité lumineuse de l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib, ils ne peuvent cependant point nous montrer avec des preuves irréfutables d’hommes plus savants ou plus pieux que l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib après le noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !). Il n’en existe pas tout simplement.
Le grand historien britannique Edward Gibbon, décédé en 1794, note à juste raison dans son remarquable et respectable ouvrage ‘’The Decline and Fall of Roman Empire’’ édité à Londres en 1911 (volume 5, pages381 382) : « Le zèle et la vertu d’Ali Ibn Abi Taleb n’ont jamais été devancés par aucun nouveau prosélyte. Il réunissait les qualités de poète, de soldat et de saint. Sa pensée reste préservée dans un recueil de paroles morales et religieuses ; et tous ses opposants, aussi bien dans les combats par l’épée ou la langue, étaient subjugués par son éloquence et ses qualités. Dès la première heure de sa mission jusqu’à la cérémonie de ses funérailles, le Messager n’a jamais été délaissé par l’ami généreux, qu’il se plaisait à nommer son frère, son successeur, et le fidèle Aaron pour un deuxième Moïse ».
Ce témoignage savant, déjà vieux de trois siècles, est à ce jour coulé dans du zinc et, de toute évidence, demeurera inoxydable jusqu’à la fin des temps. Pour ceux d’entre nous qui ont l’intelligence affinée, il est même matière de recherches et de réflexion permanentes. Qu’ils sont donc à plaindre ceux-là qui s’entêtent toujours à ne voir en l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib qu’un simple ‘’Sahaba’’ (compagnon) pareil à les tous autres contemporains du noble Prophète Mouhammad (salutations et bénédictions divines sur lui et les membres de sa famille !) ! Que non ! Mais souvenez-vous qu’ils font pareil avec le noble Prophète lui-même qui n’est pour eux qu’un homme ordinaire, comme on en rencontre dans les rues de Bamako, faillible, enclin donc aux fautes et aux erreurs, et qui en a même commises beaucoup !!! Quel esprit, quelle ineptie ! Aurons-nous tort de les laisser de côté si nous ne pouvons pas les amener à la raison ?
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Je me souviens qu’en 1979, quand la Révolution islamique a triomphé en Iran, alors jeune garçon de 17 ans, je me suis trouvé en vacances au mois d’août à Abidjan où j’aimais assister aux causeries du sage Amadou Hampâté Ba, le Cheikh de la Tarîqa dont j’ai parlé tantôt. Puisant dans sa vaste érudition, dans l’islam comme dans d’autres domaines, il nous disait que « Ali était le meilleur des hommes après le Prophète ». Je me souviens qu’il avait aussi disserté longuement dans une grande salle de la capitale ivoirienne lors d’une conférence sur le thème : « Ali est l’intérieur de Mohammed ». Inutile de vous dire que notre esprit juvénile à l’époque ne pouvait pas appréhender les détails qu’il donnait alors à l‘appui de sa démonstration.
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Je voudrais terminer en mentionnant deux éléments.
A la même époque du Cheikh Amadou Hampâté Ba, vivait aussi à Abidjan un autre sage Malien, Cheikh Ahmad Tidjane Ba, grand Imam et dignitaire religieux très respecté. Mon homonyme Amadou Diallo, l’oncle de mon ami Kolado Sidibé, faisait partie du cercle d’amis de Cheikh Ahmad Tidjane Ba. Il nous a donné ce témoignage que le Cheikh Ahmad Tidjane Ba a laissé entendre en sa présence : « L’islam ne sera véritablement Islam que quand les musulmans découvriront la haute et distinguée stature des Imams Ahloul Bayt ». Ce sont ces paroles qui, nous le croyons, ont immanquablement disposé notre oncle Amadou Diallo à admettre sans tergiversation aucune l’Ecole ja’afarite dès qu’il a pu aller vers.
Mon dernier élément nous ramène à Ghadir Khoum. En effet, à 45 kilomètres de Bamako, vers l’ouest, se trouve une célèbre localité qui s’appelle Kamalé (c’est à moins de cinq kilomètres du chef-lieu de l’Arrondissement de Siby). Là a vécu le Cheikh Mamadou (Mouhammad) Ly, un dévot musulman, un saint vers qui accourraient des fidèles musulmans de toute l’Afrique de l’ouest, et aussi des expatriés africains en Occident, pour recevoir ses bénédictions. Il avait l’habitude d’organiser une cérémonie de bénédictions qui se déroule une semaine après la fête de l’Aïd al Adha (la Tabaski), car « c’est une grande période qui porte la lumière et la baraka mohammadiennes ». Décédé en 1960, ses descendants, les Ly, et sa parenté élargie, toutes les personnes liées à lui par divers liens (mariage, anciens disciples, etc.) en ont fait désormais une véritable institution cérémonielle annuelle qui maintient vivace l’islam dans la zone, et ça dure déjà comme telle une quarantaine d’années au moins ! En quoi consiste-t-elle ? Exactement sept jours après l’Aïd Al Adha (la Tabaski), tout le monde rallie Kamalé pour y passer une nuit de prières : lecture du saint Coran, longue mention des formules de l’appel des bénédictions divines sur le Prophète, répétition soutenue des litanies louant l’Islam et son Prophète, déclamation de poèmes religieux, prières, etc. Grand moment de bénédictions, suivi de la visite du modeste Mausolée de Cheikh Mamadou Ly. Puis, le lendemain, qui est exactement le 18 Zoul-Hijja, on se congratule, on s’embrasse, dans une ferveur de bénédictions. Et c’est dans cette ambiance de renouvellement des espoirs que rendez-vous est pris pour l’année prochaine, à la même date du calendrier de l’Hégire. Quelqu’un peut-il, dans cette salle, me contredire que cet évènement de Kamalé ne porte pas les parures de Ghadir Khoum, cette « grande période qui porte la lumière et la baraka mohammadiennes »? Plaise à Allah qu’au fil des ans Kamalé devienne un haut lieu où les enseignements précieux des Imams Ahloul Bayt connaîtront un développement sans interruption !
Mes chers frères et sœurs dans l’Islam,
Mes chers amis étudiants,
Personnellement-et je vous le dis avec toute la sincérité dont je suis capable-, j’ai des raisons évidentes de croire en la guidance des Imams Ahloul Bayt, ces « Portes de la rémission de nos péchés ». Depuis que j’ai commencé à aller à la fontaine des Gens purifiés de la distinguée famille prophétique, à chaque fois, ma soif s’étanche et je me sens revigoré dans la foi. C’est un bonheur immense auquel il me plaît de vous associer tous.
Je voudrais donc inviter la jeunesse musulmane de mon pays à aller à la découverte de l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib et des Imams immaculés de sa descendance prophétique. C’est la condition sine qua non pour nous abriter dans la salutaire Demeure prophétique, parapluie imparable, véritable tente à oxygène le Jour terrible et suffocant de la Résurrection. Ce ne serait que tout bénéfice pour nous.
Je vous remercie de votre patience et de votre aimable attention.
(Discours prononcé par Amadou Diallo le dimanche, 06 décembre 2009 dans la salle de conférences de l’Institut Islamique de Hamadallaye à l’occasion de la célébration de la Journée de Ghadir Khoum. C’était à la demande des étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Bamako, qui avaient alors exprimé le désir d’en savoir plus sur cet évènement peu expliqué par les prédicateurs musulmans).
Amadou Diallo
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