Hussein et Karbala: Cristallisation de la ferveur, Pinacle de l'épopée.

1816 2016-01-02

Pourquoi l'Islam doit-il sa survie à la lune de Moharram, pourquoi l'adhan retentit-il, toujours, du haut des minarets pour raviver le souvenir, vieux de plus de quatorze siècles, d'Achoura? Quel est ce secret dont le parfum s'exhale parfois de la fiole scellée de l'épopée de Karbala pour embaumer le cœur des croyants. Peut-être serait-il que Hussein-la lumière des yeux des fervents - n'était pas le disciple de l'école de l'Islam, mais l'Islam en personne.

       Plaque tournante de tous les jours sacrés, Achoura est le grandiose spectacle des principes et des instructions de l'Islam. Chaque instant de la vie du Prince des martyrs et de son itinéraire mystique cristallisait l'Islam. Qui pourrait donc, sauf Hussein, résumer cette tragédie aux dimensions titaniques en un seul jour et dans un seul discours?

Si Hussein (as) n'avait même pas prononcé une seule parole sur le monothéisme, n'avait même pas lancé de sa gorge ensanglantée le cri «ô Dieu, je me soumets à Ton agrément», sa seule présence à Karbala aurait incarné le mysticisme pur, le monothéisme absolu.

Le Seigneur des fervents, le point de mire des hommes vertueux, Hussein, a, à maintes et maintes reprises, annoncé, par son verbe et par son acte, qu'il s'est rendu dans le désert aride et brûlant de Karbala, pour pérenniser le principe de la prophétie, pour garantir le gouvernement du Messager.

«Que ma poitrine soit la cible des flèches de la mécréance, que mon cœur soit déchiré par le sabre de l'ignorance afin que la religion de Mohammad persiste!» Le Prince des martyrs, Hussein, dota la mort, au jour d'Achoura, d'un sens nouveau, revivifia la mort en martyr, pour que le pourpre de la Résurrection embrase à jamais le gouvernement des tyrans.

Hussein, représentant de Dieu juste et Son calife, se souleva contre la tyrannie pour instaurer le gouvernement du Juste sur la terre. Il aspirait à cet ordre qui incarnait la justice divine.

Il appela les gens à la lutte, alors que la foule des pèlerins tournait autour de la Ka'aba; il lança son cri de «Où est-il celui qui viendra m'assister?» alors qu'il restait encore des pèlerins dans le sanctuaire de Dieu. Et cela pour dire que, sans la foi dans la Wilayat et l'Imamat, il serait inutile de tourner autour de la Maison de Dieu. Marcher, combattre, s'asseoir, se lever, prier et même respirer sans Imam, ne serait que l'anéantissement.

Tous ceux qui ne se sont pas soulevés avec Hussein, qui n'ont pas paris avec Hussein le chemin de Karbala seraient morts dans l'ignorance totale, même s'ils priaient chez eux.

Bien que ce soit un choix difficile en tout temps et en tout lieu, l'Imamat fut évoqué par Hussein, dans la conjoncture la plus cruciale de l'histoire, rendant le choix d'autant plus difficile.

    Celui qui dira oui, dans le verbe et l'acte, à son Imamat, se verra au sommet de la perfection, au seuil de la cour divine. Quiconque avancera une quelconque objection se trouvera dans les ranges de l'armée de Yazid. Voilà l'Imamat que Hussein expose.

   Hussein – l'Imam de ces dévoués aux lèvres brûlantes de soif – ne démontra pas seulement, dans la pratique, les principes de la religion, mais il accomplit, à la lettre, au jour d'Achoura, tous les préceptes islamiques; il préserva l'Islam dans sa totalité, il le rendit éternel par son sang.

      La prière ne se pérennisera que lorsque des jeunes et fervents héros, feront de leur corps son bouclier devant les flèches et les lances de l'ennemi . Oui, c'est une telle prière qui assurera la pérennité de la prière, jusqu'au jour même de la Résurrection . Si la prière de Hussein n'avait pas été accomplie sous les dards impitoyables de milliers et de milliers de flèches, resterait-il alors une trace de la prière? Nous supportons la soif du jeûne, au milieu de l'été, pour éprouver, un instant, la soif de Hussein, dans le désert brûlant de Karbala.

    La quintessence de son soulèvement puisait sa source dans le Djihad, l'appel au louable et à la prohibition du blâmable. Celui qui a sacrifié enfants, parents, proches et amis sur l'autel de l'amour de Dieu, aurait-il manqué au zakat et au khums. Il n'en reste que le hadj qui demeura apparemment inachevé.    

 

 

 

(Le Message de l'Islam , Mars , 2003 , No: 194 , p. 5)

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